Nous voici de nouveau devant ce mur où plus de cent quarante communards ont été fusillés, pendant ce que l’on a appelé « la semaine sanglante ». C’est ici, dans ce lieu hautement symbolique, que nous rendons hommage à tous nos sœurs et frères en humanité, assassinés pour leurs idées.
Pour nous maçonnes et maçons, c’est l’occasion de célébrer les idéaux de la franc-maçonnerie moderne et libérale qu’incarnait l’expérience fondatrice de la Commune.
Mur du souvenir il faut qu’il devienne aujourd’hui le mur de l’espérance.
Actuellement, des femmes et des hommes, partout dans le monde, cherchent à élever des murs, fermer des frontières. On sent une volonté de repli sur soi, une peur de l’autre.
Pour nous maçonnes et maçons, notre volonté, notre devoir est de construire des ponts, des passerelles, de tendre la main à l’autre, car nous avons la conviction que l’autre est un atout, que la diversité est nécessaire, qu’elle est une chance et une richesse.
Nous voulons une société ouverte, tolérante, en Europe mais aussi partout à travers le monde. L’Union européenne est l’histoire d’une utopie. Ce n’est sans doute pas un hasard si cette utopie généreuse a pris naissance dans l’espace européen, fait de vieux peuples fourbus à force de guerres et de déchirements, décidés à se tourner vers l’avenir. Cet avenir s’est ouvert sur une Europe de droit, de progrès, de prospérité, de liberté, d’égalité et de paix.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les résultats des élections européennes du 9 juin restent incertains. Ils peuvent faire basculer les équilibres favorables que nous avons connus ces dernières années. Menacer la cohésion et la solidarité des États membres et engendrer des régressions que nous redoutons.
Nous devons être parfaitement conscients de l’importance de ces élections.
Ce que sera demain dépend des citoyennes et des citoyens européens, donc de nous. Nous, nous avons la chance d’avoir accès à l’éducation, nous pouvons voter, nous informer correctement. Nous pouvons vivre encore, mais pour combien de temps, dans un espace de paix mais aussi de liberté, de droits, de prospérité, tout ce que bien des femmes et des hommes nous envient dans le monde.
Tous les franc-maçonnes et francs-maçons sont déterminés à mener le combat contre l’obscurantisme et dénoncer les terrorismes religieux et politiques pour la défense des valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité mais aussi et surtout la Laïcité qui est un pilier. Depuis plus de 300 ans, ce qui nous lie ce sont ces valeurs humanistes, c’est le désir, la volonté de permettre à l’être humain de prendre sa place de citoyenne, de citoyen.
Le devenir de nos acquis dépendra de la détermination que nous mettrons à les défendre et à nous battre afin de les conserver voir d’en acquérir de nouveaux.
Pour l’Europe, son devenir est entre nos mains.
L’Europe a toujours été au cœur de la Grande Loge Féminine de France.
Nos sœurs des siècles passés étaient des pionnières et des guerrières pour gagner des droits. S’engager dans une obédience féminine nous rend vigilantes : rien n’est jamais acquis. La place des femmes est un baromètre de l’état de la société à un moment donné.
Notre combat est permanent, quotidien, ici comme ailleurs. Nous devons nous battre pour que l’Europe évolue vers plus de justice, d’égalité, de fraternité, car nous voulons que les Européennes et les Européens soient des Femmes et Hommes libres, architectes de leur avenir.
Aux urnes citoyennes, citoyens !
Catherine LYAUTEY
Grande Maîtresse de la Grande Loge féminine de France